mercredi 21 septembre 2016

Aisne : le policier s'est servi sur les comptes de son oncle

Ignace avait confiance en son neveu. Et comment ! Il est fonctionnaire de police au commissariat de Saint-Quentin, un homme droit et loyal. C’est que le tonton s’est dit quand il ne pouvait plus gérer ses comptes seuls. Il a alors signé une procuration pour que son neveu, Alain Krawiec, puisse gérer comme il se doit l’argent économisé toute une vie. Il n’a pas eu la vie facile, Ignace. Mutilé depuis qu’il a été mitraillé pendant la Seconde Guerre mondiale, l’octogénaire avait perdu l’usage de sa main gauche amputé. Il ne lui restait que trois doigts sur l’autre main. Pas facile pour signer des chèques ?
Et pourtant, le vent a commencé a tourné lorsque l’oncle reçoit, chez lui, des lettres de mise en demeure d’organisme de crédits. Une, puis deux, trois et ainsi de suite. Des crédits ? Ignace n’en a jamais contracté de sa vie. Il soupçonne son neveu et dépose plainte. La gendarmerie n’a plus qu’à dérouler la pelote.
Entre mars et octobre 2006, près de 100 000 € de crédits sont contractés au nom d’Ignace. Bigre, pourquoi un tel besoin d’argent, lui qui vit chichement ? Et comment a-t-il pu obtenir de telles sommes à son âge, 78 ans à l’époque ? Alain Krawiec a trafiqué sa carte d’identité en modifiant la date de naissance. Le septuagénaire a gagné dix ans, les organismes de crédit n’ont rien vu. «  Quand les sommes arrivent, les jours qui suivent, il y a un retrait équivalent  », souligne la présidente, Sabine Orsel. En analysant de près les comptes, les enquêteurs s’aperçoivent que l’épargne, réparti dans des assurances vies, un plan épargne logement et d’autres placements sont vidés. Des chèques sont aussi encaissés sur le compte bancaire des autres membres de la famille. Pourquoi ? Alain Krawiec, surendetté, ne pouvait les encaisser sur le sien, de peur qu’il soit saisi pour le remboursement de ses nombreuses créances. Les proches n’avaient plus qu’à retirer le montant en liquide de leurs comptes.
Comment expliquer aussi les dépenses d’Ignace dans un magasin de vêtements pour femmes ? «  Des cadeaux  », selon la femme d’Alain Krawiec, qui a dépensé plus de 2 000 € dans une même enseigne. Le couple assure pourtant que c’est le tonton qui a signé tous les chèques ainsi que les demandes de crédits. Sauf deux, pour lesquels Alain Krawiec reconnaît sa participation. Pour le reste, c’est l’oncle qui arrosait. Certes, cela lui arrivait de faire plaisir à ses proches en lâchant quelques enveloppes. Selon un expert graphologue, «  c’est probant que ce n’est pas lui qui a signé les chèques et les documents de prêts. Il y a une importante similitude graphique avec l’écriture de Mme Krawiec  », écrit-il dans son rapport.
« Ils se sont mis au-dessus de la morale, du respect et de la loi. Ils ont spolié une personne âgée »
Lucile Moutier, procureure
Parlons maintenant du dossier de surendettement, soumis par Alain Krawiec, à la commission ad hoc de la Banque de France. Pour minimiser sa solvabilité et tenter ainsi d’échapper à de trop grandes mensualités, il a falsifié ses justificatifs de revenus. «  Une anticipation  » sur sa pension de retraite s’est-il justifié, en plus d’un départ de l’un de ses fils du foyer. Tout cela «  pour éviter de refaire un dossier  ». La Banque de France, qui en a vu d’autres, a rejeté sa demande. Une décision motivée par «  la mauvaise foi  » de l’ex-policier.
Les besoins d’argent du couple s’expliquent aussi par l’amour du jeu et des casinos.Addicts, Alain et sa femme se sont fait interdire des salles de jeux, entre 2001 et 2006. «  Les propos tenus sont extrêmement gonflés. Ce que ces deux personnes ont fait, c’est détestable. Ils se sont mis au-dessus de la morale, du respect et de la loi. Ils ont spolié une personne âgée  », a tonné la procureure, en requérant un an de prison avec sursis en plus du remboursement des sommes dues aux organismes de crédits (un peu plus de 40 000 €). Décision le 25 octobre.
http://www.lunion.fr/node/806630

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