samedi 10 septembre 2016

Carcassonne: 4 mois avec sursis pour avoir abandonné son fils handicapé

Hier, un homme de 59 ans a été condamné par le tribunal correctionnel. Son ex-femme se bat depuis 30 ans pour obtenir le règlement de la pension.
Divorcé depuis le début des années 80, Philippe, âgé de 59 ans, était jugé par le tribunal correctionnel, hier, pour "abandon de famille". En clair, il était reproché à ce chef d'entreprise de Draguignan (Var), de ne pas avoir versé la pension alimentaire à son ex-femme, qui s'occupe encore, et toujours de leur fils lourdement handicapé... aujourd'hui âgé de 39 ans

Si la prévention inscrite au rôle du tribunal courait du 30 juillet 1983 au 27 janvier 2016, c'est finalement sur la période du 2 janvier 2011 au 2 janvier 2014, - prescription oblige pour la partie antérieure -, que le prévenu a été entendu par la présidente Valérie Reymond. Cette dernière a tout d'abord rappelé au prévenu qu'un jugement rendu le 13 décembre 2007 avait fixé le montant de la pension à 400 € par mois.
"À ce jour, a répondu le quinquagénaire au tribunal, les sommes ne sont toujours pas réglées..." Et Philippe de revenir sur les difficultés rencontrées par son entreprise en 2008, avec un placement en redressement judiciaire. Là, depuis l'adoption d'un plan de continuation, le prévenu a indiqué qu'il se battait depuis quatre ans, "pour revenir à des choses normales. Aujourd'hui, les choses évoluent et je vais faire en sorte de démarrer quelque chose". Une somme de 2 000 € aurait, pour l'heure, été versée...
"Il a préféré fuir ses responsabilités"
Pour les intérêts de l'ex-femme de Philippe, Me Sébastien Leguay a regretté que le prévenu "se retranche, une fois de plus, derrière ses difficultés financières. Un aménagement de la pension, il aurait pu le faire ! Mais il a préféré fuir ses responsabilités..." Et l'avocat carcassonnais de revenir sur "33 ans d'une situation injuste". Avec la naissance de Yohann. Un joli bébé qui a vite accusé une détresse respiratoire et un retard psychomoteur important.
À 39 ans, ce fils est désormais un adulte lourdement handicapé, dont s'occupe sa mère au quotidien. Elle qui n'est plus toute jeune. "Un matin du début des années 80, il a quitté le domicile conjugal et n'est jamais rentré le soir. Là, les 2 000 € qu'il aurait versés, je n'ai encore rien reçu, c'est une tactique, une stratégie", a martelé Me Leguay. "Il nous dit, aujourd'hui, qu'il peut assumer un versement mensuel, que ça va mieux pour lui... Mais qu'est-ce qu'on fait du passif...". Rien que sur la période visée (on oublie la prescrite), la somme due représente 14 400 €.
"Ni un accident, ni une mauvaise passe"
Du côté du ministère public, la substitut Carole Gonzalez a estimé que l'attitude du prévenu n'était "ni un accident ni une mauvaise passe, mais une situation qui s'est éternisée dans le temps". Et de requérir 6 mois de prison avec sursis. Pour la défense de Philippe, Me Patrick Deudon, du barreau de Nice, a souhaité recadrer les débats, en soulignant que le tribunal avait à juger "un élément moral, et non pas la morale de son client. Il a eu tort, mais il s'est expliqué sur la situation. Aussi, avec l'adoption du plan de continuation pour sa société, il a dû s'acquitter de 160 000 € auprès de ses créanciers. Il a fallu qu'il fasse des choix...".
Après avoir délibéré, le tribunal a fait le sien (de choix), et condamné Philippe à une peine de 4 mois de prison avec sursis. Il devra également s'acquitter de la somme de 2 000 €, pour le préjudice subi par la victime. 
http://www.lindependant.fr/2016/09/10/4-mois-avec-sursis-pour-avoir-abandonne-son-fils-handicape,2255239.php

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire